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Résumé:
Syngué sabour est le troisième roman d'Atiq
Rahimi, romancier et réalisateur afghan né à
Kaboul en 1962. C'est néanmoins son premier roman
écrit directement en français. « D'un geste
brusque, elle fait glisser sa main vers le bas, sous sa robe,
entre ses cuisses. Ferme les yeux. Respire profondément,
douloureusement. Elle enfonce les doigts entre ses jambes,
comme si elle allait y planter une lame. […] Sa main
descend près du nez de l'homme. "Tu es né de ce sang
! Il est plus propre que ton propre sang à toi !" »
« Quelque part en Afghanistan ou ailleurs. » Le ton
est donné. C'est l'intérieur de sa féminité
que donne à voir, à sentir, la femme de Syngué
sabour. Pour la première fois de sa vie, quelque chose lui
offre la parole. Unique et ultime occasion de raconter ses
souffrances. Et l'on voit ainsi sa langue se délier tandis
que l'auteur, lui, tient fermement son rôle de caméra
de sûreté. Sans jamais sortir de la pièce, il
observe les allées et venues de la femme et tend de
nouveaux ponts entre la littérature et le cinéma en
décrivant l'ultra-fureur de la femme avec les instruments
les plus glacés qu'offre le langage. Ainsi
désubjectivé, il peut aussi bien affronter les crises
de folies, les prières, les intrusions de pilleurs ou la
vie secrète des insectes. À la lecture des 150 pages
de Syngué sabour, on s'interroge sur la nature profonde de
cette pierre de patience prête à exploser à
force d'avoir reçu trop de malheurs. Peut-être
qu'au-delà de la clef que nous livre l'auteur, cette
pierre, c'est aussi le livre qu'on vient de refermer.