Man
Booker Prize
2014
En
1941, Dorrigo Evans, jeune officier médecin, vient
à peine de tomber amoureux lorsque la guerre
s’embrase et le précipite, avec son bataillon, en
Orient puis dans l’enfer d’un camp de travail
japonais, où les captifs sont affectés à la
construction d’une ligne de chemin de fer en pleine
jungle, entre le Siam et la Birmanie.
Maltraités
par les gardes, affamés, exténués, malades,
les prisonniers se raccrochent à ce qu’ils peuvent
pour survivre – la camaraderie, l’humour, les
souvenirs du pays.
Au
coeur de ces ténèbres, c’est l’espoir
de retrouver Amy, l’épouse de son oncle avec
laquelle il vivait sa bouleversante passion avant de partir
au front, qui permet à Dorrigo de subsister.
Cinquante
ans plus tard, sollicité pour écrire la
préface d’un ouvrage commémoratif, le vieil
homme devenu après guerre un héros national
convoque les spectres du passé.
Ceux
de tous ces innocents morts pour rien, dont il entend honorer
le courage.
Ceux
des bourreaux, pénétrés de leur
“devoir”, guidés par leur empereur et par la
spiritualité des haïkus.
Celui
d’Amy enfin, amour absolu et indépassable, qui le
hante toujours.
Les
voix des victimes et des survivants se mêlent au chant
funèbre de Dorrigo, se répondent et font écho.
À travers elles, la “Voie ferrée de la
Mort”, tragédie méconnue de la Seconde Guerre
mondiale, renaît sous nos yeux, par-delà le bien et
le mal, dans sa grandeur dérisoire et sa violence
implacable.
Porté
par une écriture d’une rare intensité
poétique,La Route étroite vers le Nord
lointain est un roman puissant sur
l’absurdité de la condition humaine, une
méditation ombreuse sur l’amour et la mort, un cri
contre la précarité de la mémoire et
l’inacceptable victoire de l’oubli.